Le Forum des TEPPAZ

Roland (administrateur) · Mer Déc 14, 2011 8:23 pm

Témoignage de " Teppala " ( un grand merci Thumright

)

J'ai travaillé chez Teppaz de Septembre 1965 à Octobre 1968 (dont 16 mois de service militaire) soit 21 mois effectifs à l'usine de la Croix-Rousse, tout près du "Gros Caillou" dans un bâtiment de plusieurs étages.
Au rez de chaussée se trouvait l'atelier de fabrication, des pièces de stockage de matériel, dans les étages: le bureau d'études et les services de gestion du personnel et la comptabilité entre autres et sans doute un ou deux niveaux en sous-sol.
J'étais employé comme P1 Radio. Le suivi des heures était effectué à l'aide d'une pointeuse. Si on arrivait 1 minute ou 15 minutes de retard, c'était 1/4 d'heure qui était retenu sur le salaire.
Avec un tarif horaire brut de 3,71 F, le salaire net était de l'ordre de 600F/mois. Cela dépendait du nombre d'heures normales et supplémentaires effectuées dans le mois.
Il y avait 3 chaines différentes de fabrication dont celle des "Tourist" qui était doublée. J'ai en tête le nombre de 350 appareils/jour qui sortaient de l'usine. j'ai travaillé plusieurs mois comme contrôleur en fin de chaîne sur les "Tourist". La chaîne était doublée et nous étions donc deux contrôleurs à être face à face. Pour ma part, je prenais par la droite les appareils équipés du moteur, du bras, de l'électronique que je posais sur un support adapté. Sur le bras, à la place de la tête de lecture, je raccordais une fausse tête reliée à un générateur BF. A la place du haut-parleur, une charge fictive était reliée à un oscilloscope sur lequel on pouvait vérifier la puissance du signal, la réponse en fréquence et les éventuelles distorsins dues à un mauvais composant.
Ensuite, je posais la platine contrôlée sur ma gauche et elle était mise en valise avec le haut-parleur. Un essai final avec un disque était réalisé dans une cabine insonorisée, style cabine téléphonique.
Il fallait assurer le dépannage des platines qui avaient un problème: potentiomètre, moteur, mauvais contacts, transistor ou diodes défectueux ... Je me souviens d'un problème avec un lot de diodes qui ne résistaient pas longtemps une fois sous tension. Les platines en panne s'accumulaient et la panique s'installait car on n'avait pas le temps de dépanner entre 2 platines successives.
En 1967 et 1968, j'ai aussi travaillé sur les "solfège", magnétophones à cassettes; Ce modèle n'a pas eu un grand succès, concurrencé fortement par les modèles Philips. Les cadences de fabrication étaient nettement plus faibles que pour les électrophones et techniquement, le travail était plus intéressant.
J'ai connu aussi le lancement de la Hi-Fi avec le "432" mais avec une platine que je ne reconnais pas dans les différents modèles présentés sur le site "TEPPAZ-PASSION". je reconnais la platine elle-même avec son bras typique mais c'était une platine à part avec un couvercle en plexiglas avec les cotés droit et gauche en plastique noir. La partie technique très intéressante consistait à vérifier et dépanner l'amplificateur composé de plusieurs modules qui étaient reliés mécaniquement par des entretoises. La production était réduite et sans doute assez vite abandonnée car je n'ai pas vu beaucoup de ce modèle dans les différents magasins de radio.
Le responsable de l'atelier de fabrication s'appelait M. Avet. Sous ses ordres, il y avait une femme responsable du personnel féminin qui assemblait les différents éléments vnus de Craponne et de Montgivray et un homme responsable des contrôleurs en fin de chaîne. Nous n'étions en fait que quelques hommes à travailler dans l'atelier, entourés de nombreuses femmes avec un âge moyen jeune. Parfois, il y avait des discussions fortes entre certaines femmes qui étaient sous pression avec un travail à la chaîne pas toujours bien humain. Des manutentionnaires assuraient l'approvisionnement et l'enlèvement des différents matériels.
Lors des événements de Mai 1968, le pourcentage de personnes ayant voté la grève a été très important. l'usine a été fermée une bonne dizaine de jours. Des augmentations de salaire ont été obtenues et le travail a repris bien que personnellement j'étais contre car on aurait pu obtenir plus.